Lettre en morceaux à Louis Leackey 1

Lundi 4 août 2015

Monsieur Leackey,

Je ne vous connais pas aussi bien que d’autres dont j’ai lu les écrits. Je ne pourrai pas dire précisément à quelle découverte archéologique et paléontologique vous avez contribué. Je ne saurais pas non plus dire si vous étiez un vrai scientifique ou un communiquant qui récoltait les éloges et les critiques pour le travail de votre femme.

Ce que je sais, c’est que vous avez su faire d’une intuition d’enfant la recherche de toute une vie. L’intuition d’une origine africaine de l’humanité, que vous avez dû défendre contre des certitudes déjà établies. Vous savez, quand l’état du monde est décrété et suivi par une majorité. Quand on nous dit : « Demain 90% des vidéos seront visionnées sur des téléphones. Demain nos maisons seront hyper-connectées. Demain tout le monde sera connecté sans fil ». L’ordre du monde aujourd’hui est d’aimer toute nouveauté technologique qui nous permet d’aller plus vite, de s’amuser dans le bruit qui perce les tympans et de collectionner des loisirs pour se bâtir un bonheur. On nous dit que c’est la libération de l’individu.

Savez-vous que ce qui était une banalité il y a encore un siècle est aujourd’hui un luxe ? Vivre en voyant le ciel changer, vivre là où le bruit d’une voiture n’est pas la norme, trouver un lieu ouvert le soir où l’on puisse parler et s’entendre, pouvoir marcher dans la rue sans être incité à la consommation. Passer la plupart de son temps loin d’un écran. Oublier l’existence de son téléphone comme on oublie celle de sa machine à laver. Aspirer à tout ça, Dr. Leackey, c’est être ‘réac’. Seulement moi j’y aspire… et je n’ai pas trente ans.

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