Brasser Brassens : l’art de la rencontre

Quand on dit qu’une rencontre a eu lieu, on pense à deux personnes qui se sont approchées, qui se sont écoutées et qui ont su se comprendre. Et crac ! Une étincelle. Pour qu’elle dure, il faudra trouver le bon équilibre. Le duo Brasser Brassens, formé de Sonia Painchaud et Hugo Blouin, qui étaient en prestation au Petit Outremont samedi dernier, ont cultivé l’art de la rencontre à tous les niveaux.

 

Approcher, écouter

Les plus belles rencontres arrivent souvent alors qu’on ne les attend pas. Quelque chose rôde autour de nous, et on le saisit. Dans la famille de Sonia, un oncle Henri, obsédé par Brassens, fête son anniversaire. Pour lui faire plaisir, Sonia prend son accordéon et lui chante quelques chansons. Du cadeau au partage, Sonia a continué à explorer l’œuvre de celui qu’elle connaissait de loin, comme tout le monde, et dont elle a découvert l’immensité. Le partage a eu lieu d’abord dans le café de la Grave dont elle est propriétaire, aux îles de la Madeleine. Un de ces lieux où autour du vieux piano, la chanson est une rencontre plus qu’un spectacle.

Comprendre

Hugo, contrebassiste qui adore fourrer son oreille déjantée pour tirer des arrangements étonnants, rejoint le projet qui fut au début un trio. Ils découvrent des chansons qui ne sont simples qu’en apparence, et dont le côté épuré est un cadeau pour les arrangeurs. Sonia ne se contente pas d’apprendre les paroles, elle cherche ce que veut dire la chanson, car dans toute rencontre il s’agit de comprendre.

L’équilibre

Cinq ans plus tard, sur scène, le duo a trouvé l’équilibre. D’abord entre la musique et les paroles, si importantes chez Brassens, et qu’il aurait été facile pour des musiciens de noyer. Entre l’approche traditionnelle de Sonia et celle plus éclatée de Hugo, les chansons de Brassens ont pris un relief unique. Ils chantent parfaitement ensemble ces paroles qui défilent, tout en gardant leur personnalité. Entre le regard franc de Sonia et les yeux fermés de Hugo, le public a deux fenêtres pour regarder un même paysage, à la fois riche et simple.

L’étincelle

Dans ce spectacle de deux heures, les étincelles de la rencontre jaillissent au milieu d’une chanson. Un slam percussif sur la chanson Maman Papa, un « gare au gorille » qui grince comme un vieux disque, ou encore la pureté de la voix de Sonia, seule avec la contrebasse, chantant Il n’y a pas d’amour heureux.

Le défi de samedi a donc été relevé haut les mains, le duo plutôt habitué aux bars a su venir à la rencontre d’une salle pleine à craquer. Et c’est à la rencontre du pays de Brassens qu’ils partent maintenant pour une tournée en France.

L’humilité de Brassens était légendaire, mais on parle moins de l’humilité de ses chansons, qui sont des chefs d’œuvres sans en avoir l’air, si faciles à écouter et si complexes à apprendre. Sonia croyait faire un cadeau à l’oncle Henri en chantant Brassens pour sa fête, c’est peut-être dans l’autre sens que le cadeau s’est fait. Une rencontre est toujours un brassage du cadeau que l’on s’offre et de celui qu’on reçoit.

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