Lettre à ma génération : moi je n’irai pas qu’en terrasse

 

livre sarah

Cette lettre a donné naissance au livre Lettres à ma génération publié chez Michel Lafon. Pour commander le livre, cliquez sur le livre. Pour lire des extraits, cliquez ici.

mafalda9Lettre publiée dans

mediapart Je ne suis qu’une lettre d’opinion, pas un essai. Je suis juste une petite lampe de poche qui a essayé d’éclairer ce qui était trop souvent laissé dans l’ombre. Alors oui, mon étroit faisceau lumineux laissera bien d’autres choses dans l’ombre. Cela ne veut pas dire qu’elles ne sont pas importantes. Simplement que parfois pour ramener la corde à un juste milieu, il faut tirer très fort d’un côté.

Salut,

On se connaît pas mais je voulais quand même t’écrire. Je suis française, je n’ai pas trente ans. Paris, c’est ma ville.

J’ai grandi au milieu de gens de beaucoup de nationalités, cultures et religions différentes.  Je suis autant républicaine et transculturelle. J’ai « des origines » comme on dit maghrébines. Surtout, je suis pisteuse de paroles et d’histoires. J’essaye de raconter un petit bout du monde, de mettre en mots les puissances endormies que tant de gens portent en eux.

J’ai toujours adoré les terrasses. La dernière fois que j’étais à Paris j’y ai passé des heures, dans les cafés des 10e 11e et 18earrondissements.  À  la terrasse, je m’offre le luxe d’aller nulle part. Je prends de mes nouvelles au cœur d’une ville qui ne sait pas que j’existe. Ni dehors ni dedans, je cultive l’attente au milieu du passage. Ni vraiment dans la rue, ni tout à fait quelque part, j’ai rendez-vous avec la ville entière. J’y ai écrit un livre qui s’appelle Chroniques de terrasse.  Il est maintenant quelque part dans la pile de manuscrits de plusieurs maisons d’édition. Aujourd’hui j’aurais envie d’y ajouter quelques pages.

Pourtant aujourd’hui, ce n’est pas en terrasse que j’ai envie d’aller.

Depuis plusieurs jours, on m’explique que c’est la liberté, la mixité et la légèreté de cette jeunesse qui a été attaquée, et que pour résister, il faut tous aller se boire des bières en terrasse. Je ne suis pas sûre que si les attentats prévus à la Défense avaient eu lieu, on aurait lancé des groupes facebook « TOUS EN COSTAR AU PIED DES GRATTE-CIELS ! » ni qu’on aurait crié notre fierté d’être un peuple d’employés et de patrons fiers de participer au capitalisme mondial, pas toi ?

On nous raconte qu’on a été attaqués parce qu’on est le grand modèle de la liberté et de la tolérance. De quoi se gargariser et mettre un pansement avec des coeurs sur la blessure de notre crise identitaire. Sauf qu’il existe beaucoup d’autres pays et de villes où la jeunesse est mixte, libre et festive. Vas donc voir les terrasses des cafés de Berlin, d’Amsterdam,  de Barcelone, de Toronto,  de Shanghai, d’Istanbul, de New York !

À écouter et lire les nombreux spécialistes, il me semble qu’on a plutôt été attaqués parce que la France a bombardé certains pays en plongeant une main généreuse dans leurs ressources, parce que la France est accessible géographiquement, parce que la France est proche de la Belgique et qu’il est facile aux djihadistes belges et français de communiquer grâce à la langue, parce que la France est un terreau fertile pour recruter des djihadistes.

Oui je sais, la réalité est moins sexy que notre fantasme. Mais quand on y pense, c’est tant mieux, car si on a été attaqué pour ce qu’on est, alors on ne peut pas changer grand chose. Mais si on a été attaqué pour ce qu’on fait, alors on a des leviers d’action :

– S’engager dans la recherche pour trouver des énergies renouvelables, car quand le pétrole ne sera plus le baromètre de toute la géopolitique, le Moyen-Orient ne sera plus au centre de nos attentions. Et d’un coup le sort des Tibétains et des Congolais de RDC nous importera autant que celui des Palestiniens et des Syriens.

– S’engager pour trouver de nouveaux modèles politiques afin de ne plus déléguer les actions de nos pays à des hommes et des femmes formés en école d’administration qui décident que larguer des bombes (car parfois les bombes c’est bien il paraît), ou qu’on peut commercer avec un pays qui n’est finalement qu’un Daesh qui a réussi.

– Les journalistes ont montré que les attentats ont éveillé des vocations de policiers chez beaucoup de jeunes. Tant mieux. Mais où sont les vocations d’éducateurs, d’enseignants, d’intervenants sociaux, de ceux qui empêchent de planter la graine djihadiste dans le terreau fertile qu’est la France ? Si elles sont aussi nombreuses que les vocations policières, alorson peut se demander pourquoi les journalistes ont choisi de se focaliser dessus. Si les jeune se tournent plutôt vers les vocations policières qu’éducatrices, on peut se demander ce que cela traduit.

Si la seule réponse de la jeunesse française à ce qui deviendra une menace permanente est d’aller se boire des verres en terrasse et d’aller écouter des concerts, je ne suis pas sûre qu’on soit à la hauteur du symbole qu’on prétend être. L’attention que le monde nous porte en ce moment mériterait qu’on aille bien plus loin.

Je ne suis pas en train de te dire qu’il ne faut pas y aller, en terrasse ! Bien sûr qu’il faut y aller, comme il faut aller à la boulangerie, à la bibliothèque, au cinéma. Il faut tout simplement vivre. Parce qu’on n’a pas le choix. C’est une résistance symbolique. Mais dans toute situation de «guerre» ou en tous cas, exceptionnelle, il faut faire des choix pour être le plus efficace possible. Et dans l’imaginaire médiatique, je n’ai pas vu de mouvement «parlons-nous !» ou «aidons-nous !». Si un jour nos enfants se penchent sur cet épisode, je ne me sentirais pas fière que le symbole de cette résistance ait été l’image de moi en train de boire un verre. J’aurais préféré une main tendue, surtout une oreille qui s’ouvre.

Alors c’est peut-être un peu tôt, mais il n’est jamais trop tôt pour s’interroger. Je me demande si on ne peut pas profiter de ce besoin d’être ensemble pour redéfinir l’image que les médias projettent de ce que nous sommes, nous les jeunes. Je ne me suis pas reconnue dans le symbole médiatique de mixité, de liberté et de fête qui a été affiché dans les médias de masse. Peut-être que toi aussi, d’ailleurs. Parce que je sais bien que tu as mille visages. Que certains agissent déjà, chaque jour au quotidien, en cherchant un autre modèle de société. Ceux-là souvent n’ont pas le temps de brandir des symboles. Je sais que d’autres voudraient bien agir mais ne savent pas comment faire. Et que d’autres ne se sont pas posés la question. Ce sont bien sûr à ces deux derniers que j’écris.

 

Ma mixité

Qu’on soit maghrébin, français, malien, chinois, kurde, musulman, juif, athée, bi homo ou hétéro, nous sommes tous les mêmes dès lors qu’on devient de bons petits soldats du néo-libéralisme et de la surconsommation. On aime le Nutella qui détruit des milliers d’hectares de forêt et décime les populations amazoniennes, on achète le dernier iphone et on grandit un peu plus les déchets avec les carcasses de nos anciens téléphones, on préfère les fringues pas chères teintes par des enfants du Bengladesh et de Chine, on dépense des centaines d’euros en maquillage testé sur les animaux et détruisant ce qu’il reste de ressources naturelles.

Ma mixité, ce sera d’aller à la rencontre de gens vraiment différents de moi. Des gens qui vivent à huit dans un deux pièces, peu importe leur origine et leur religion. Des enfants dans les hôpitaux, des détenus dans les prisons. Des vieilles femmes qui vivent seules. De ce gamin de douze ans à l’écart d’un groupe d’amis, toujours rejeté parce qu’il joue mal au foot, qui se renferme déjà sur lui-même. Des ados dans les banlieues qui ne sont jamais allés voir une pièce de théâtre. Ceux qui vivent dans des petits villages reculés où il n’y a plus aucun travail. Les petits caïds de carton qui s’insultent et en viennent aux mains parce que l’un n’a pas payé son cornet de frites au McDo. D’habitude quand ça arrive, qu’est-ce que tu fais ? Tu tournes la tête, tu ris, tu te rassures avec un petit «Et ben ça chauffe !» et tu retournes à ta conversation. Si tous ceux qui ont répondu à l’appel Tous en terrasse ! décidaient de consacrer quelques heures par semaine à ce type d’échange… il me semble que ça irait déjà mieux. Ça apportera à l’humanité sans doute un peu plus que la bière que tu bois en terrasse.

Ma liberté

Je ne vois pas en quoi faire partie du troupeau qui se rend chaque semaine aux messes festives du weekend est une marque de liberté. Ma liberté sera de prendre un autre chemin que celui qui passe par l’hyperconsommation. D’avoir un autre horizon que celui de la maison, de la voiture, des grands écrans, des vacances au soleil et du shopping.

Ma liberté sera celle de prendre le temps quand j’en ai envie, de ne pas m’affaler devant la télé en rentrant du boulot, d’avoir un travail qui ne me permet pas de savoir à quoi ressemblera ma journée.

Ma liberté, c’est de savoir que lorsque je voyage dans un pays étranger je ne suis pas en train de le défigurer un peu plus. C’est vivre quelque part où le ciel a encore ses étoiles la nuit. C’est flâner dans ma ville au hasard des rues. C’est avoir pu approcher une autre espèce que la mienne dans son environnement naturel.

Ma liberté, ce sera de savoir jouir et d’être plein, tout le contraire des plaisirs de la consommation qui créent un manque et le besoin de toujours plus. Ma liberté, ce sera d’avoir essayé de m’occuper de la beauté du monde. «Pour que l’on puisse écrire à la fin de la fête que quelque chose a changé pendant que nous passions» (Claude Lemesle).

Ma fête

Ma fête ne se trouve pas dans l’industrie du spectacle. Ma fête c’est quand j’encourage les petites salles de concert, les bars où le musicien joue pour rien, les petits théâtres de campagne construits dans une grange, les associations culturelles. Passer une journée avec un vieux qui vit tout seul, c’est une fête. Offrir un samedi de babysitting gratuit à une mère qui galère toute seule avec ses enfants, c’est une fête. Organiser des rencontres entre familles des quartiers défavorisés et familles plus aisées, et écouter l’histoire de chacun, c’est une fête.

La fête c’est ce qui sort du quotidien. Et si mon quotidien est de la consommation bruyante et lumineuse, chaque fois que je cultiverai une parole sans écran et une activité dont le but n’est pas de consommer, je serai dans la fête. Préparer un bon gueuleton, jouer de la gratte, aller marcher en forêt, lire des nouvelles et des contes à des jeunes qui sentent qu’ils ne font pas partie de notre société, quelle belle teuf !

N’allez pas me dire que je fais le jeu des djihadistes qui disent que nous sommes des décadents capitalistes… s’il vous plaît ! Ils n’ont pas le monopole de la critique de l’hyper-consommation, et de toute façon, ils boivent aux mêmes sources que les pays les plus capitalistes : le pétrole et le trafic d’armes.

Voilà. Je ne sais pas si on se croisera sur les mêmes terrasses ni dans les mêmes fêtes. Mais je voulais juste te dire que tu as le droit de te construire autrement que l’image que les médias te renvoient. Bien sûr qu’il faut continuer à aller en terrasse, mais qu’on ne prenne pas ce geste pour autre chose qu’une résistance symbolique qui n’aura que l’effet de nous rassurer, et sûrement pas d’impressionner les djihadistes (apparemment ils n’ont pas été très impressionnés par la marche du 11 janvier), et encore moins d’arrêter ceux qui sont en train de naître.

Ce qu’on est en train de vivre mérite que chacun se pose un instant à la terrasse de lui-même, et lève la tête pour regarder la société où il vit. Et qu isait… peut-être qu’un peu plus loin, dans un lambeau de ciel blanc accroché aux immeubles, il apercevra la société qu’il espère.

28 comments

  • T’as pas 30 ans mais t’as une analyse d’un gosse de moins de 10 ans. De quels pays parles tu quand tu dis que «la france a colonisés certains pays du moyen orient» pourquoi tu parles de syriens et des palestiniens ou est le rapport? Et puis enfin tes en train de ns dire finalement que c’est a cause de nous francais que des jeunes deviennent terroristes?? Ahahahah!! Ya des systemes d education de sange bien pire ds des pays en Europe ou ds le monde et ils n’ont pas autant de fichiers S. C’est dommage parce que taurai presque pu presenter quelque chose de construit… Dommage. Apprends a ne pas te laisser influencée par le ramassis de conneries de tes confreres et tu pourras aller loin. Slt sarah

    • Bonjour Julie
      De 1920 à 1946, la France a exercé un mandat colonial sur la Syrie et le Liban. Dans ma phrase concernant les Palestiniens et les Syriens, je parlais du fait que l’opinion publique porte une plus grande attention à l’horreur qu’ils vivent qu’à celle que vivent les Congolais et les Tibétains par exemple.
      Vous avez sans doute raison, si des milliers de français deviennent djihdistes ça n’a sans doute absolument rien à voir avec des failles de la société française. Et la société française ça n’est bien sûr pas les Français. Il y a une petite marge entre dire que notre société devrait s’interroger, car l’idéologie djihadiste vient combler des zones laissées vides par la sociét, et de dire «c’est la faute des français si des jeunes deviennent terroristes».
      Merci d’avoir lu si attentivement mon texte et merci pour ce commentaire constructif et respectueux.

  • Merci Sarah. Depuis plusieurs jours je suis très très mal à l’aise avec cette histoire de boire des coups en terrasse pour résister..Je voulais écrire là dessus et je viens de lire votre texte partagé sur facebook. Vous avez levé mon malaise…car mis des mots dessus. Je vais le partager chaque jour sur facebook pour lui assurer un maximum d’écoute…Merci.

  • Bonjour Sarah, votre texte est d’une intelligence rare ca fait du bien j’en suis très émue. Il se peut que certains ne soient pas complètement d’accord sur votre analyse des racines dû problèmes mais ça ne change rien à votre lumière. Avec cette lettre, vous prenez la direction d’un mouvement que des milliers et peut être des millions de gens attendent au fond d’eux … L’appel a été lancé, ne nous laissez pas dans l’impuissance. Aidez nous à agir et nous rassembler dans un mouvement apolitique, un mouvement pour la vie ! La seule chose qui ait finalement du sens … Merci pour cette initiative <3 Karine

  • Ta génération est immense Sarah.
    Humaine, debout, en marche vers l’autre en soi.
    Nous sommes tous enceints d’une autre humanité.
    Tu as vu juste : ne tombons pas dans le déni de grossesse en nous réchauffant à la terrasse de notre conscience.
    Merci pour ces mots Vivants.

  • Bonjour Sarah,
    J’ai lu votre texte qui est très bien écrit, mais qui m’a interpellée. Je ne suis pas de ces personnes qui répondent en général. Je m’appelle Clémentine, j’ai 35 ans, 2 enfants, 1 mari, et nous vivons à Lyon. J’ai fait de grandes études comme on dit, dans le domaine culturel. Je travaille dans le développement socioculturel dans les quartier dits «sensibles» ; quand je travaille, puisque je suis actuellement en congé parental. Pendant lequel je m’investis dans la vie associative de mon quartier. Je suis je crois une forme d’incarnation de la boboisation. J’ai toujours travaillé en lien avec des publics de zone urbaine sensible. Depuis plus de 12 ans… Tout ce à quoi vous appelez existe, à mon sens, déjà, et ce depuis longtemps. Pour moi, prôner une forme d’élitisme culturel, dont je suis pourtant un pur produit, n’est pas la solution et renforcera encore plus la réelle fracture actuelle. Vous ne pouvez pas non plus dire aux gens que d’aller en terrasse ne suffit pas… C’est déjà tellement bien. Vous allez rire, cet après-midi je vais voir le dernier Hunger Games en plein centre de Lyon et j’ai l’impression d’être une résistante… Parce qu’au fond, j’ai quand même un peu peur… Pour mes enfants principalement. Je suis triste aussi. Car je me demande bien où sont les solutions. Mais ce que je sais c’est que d’aller sortir boire un coup, c’est déjà pas mal…

    • Bonjour Clémentine.
      Pouvez-vous me dire à quel moment j’ai encouragé de «une forme d’élitisme culturel» ? Je serais vraiment étonnée de l’avoir fait. J’ai passé 7 ans à étudier la culture des Berbères du Haut Atlas au Maroc, difficile de faire moins élistite.
      Je n’ai jamais prétendu proposer des solutions nouvelles. Je sais très bien que ce que je décris existe déjà, depuis longtemps.
      Le point de mon texte est de remettre les choses à leur place : aller en terrasse ça fait du bien, continuer à vivre, boire des verres avec ses amis, ça fait du bien, évidemment et c’est nécessaire. Mais de là à dire que c’est une résistance… je pense que la situation est assez grave pour qu’on ne se dise pas «c’est déjà pas mal». Et que aller boire un verre avec des amis, ça fait du bien sur le coup, mais s’engager dans une ouverture, quelle qu’elle soit, ça fait vraiment du bien sur le long terme. Parce qu’on se surprend soi-même à faire du lien social avec des gens qu’on pensait appartenir à un autre monde.

      • Merci d’avoir répondu à mon commentaire.
        Pour moi, quand vous parler de vos pratiques culturelles (dans votre chapitre sur votre fête), quand vous parlez du Mc Do ou du foot… vous parlez d’une forme d’élitisme culturel, de mon point de vue en tout cas. Ce sont aussi des clichés.
        De mon point de vue, nous ne sommes pas tous ou «foot Mc Do consommation» ou «musée slowfood bio altermondialiste» … On peut être aussi «musée fan de la culture populaire américaine paniers bio», et se poser des questions sur les origines anciennes et récentes de ces attentats.
        À ce sujet, que faites vous de ces jeunes qui, issus de familles athées, agnostiques, ou sans pratique religieuse concrète, s’engagent dans le djihadisme ? Quel rapport avec notre passé colonial ? Et ceci n’est pas qu’une image véhiculée par les médias, c’est pour ma part du vécu, et qui n’est pas récent.
        Que répondez vous aux personnes comme moi qui se sont engagées depuis longtemps dans le développement socioculturel et culturel et qui aujourd’hui se demandent bien à quoi sert leur travail et engagement ? Quand justement on pratique le lien social depuis longtemps ? À tous les niveaux (dans son travail, dans son quartier, dans ses engagements personnels et professionnels).
        Quant à la peur et la notion de résistance, elles appartiennent à chacun je crois, nous ne pouvons pas juger cela. Je me permets de vous le répéter, je ne sais pas si vous avez des enfants, mais ça change beaucoup beaucoup la donne sur ces questions de sorties, de peur, de résistance.

        • Bonjour Clémentine, j’écris dans ma lettre que c’est justement à ceux qui ne savent pas comment agir ou ceux qui ne se posent pas de question que cette lettre s’adresse, pas à ceux qui agissent déjà et qui sont très nombreux. Je dis aussi que la résistance symbolique est nécessaire, mais pas suffisante.

  • Bonjour,

    Merci pour ce texte et vos pensées qui mettent au clair ce qui trotte dans ma tête depuis quelques jours et qui font un discours que j’ai comme vous envie de partager auprès de notre génération.

    J’espère que l’émotion vécue sera fructifié et permettra un sursaut et un engagement, qui permettront à notre génération de se réapproprier la politique, car c’est de cela dont il s’agit.

    Au plaisir de vous lire. Continuons !

  • Salut. Je suis également de ta génération, je n’ai pas 30 ans, je suis français, je suis jeune médecin, d’origine nordique, Paris est ma ville. Je ne suis pas sûr que les personnes qui boivent des verres en terrasse en ce moment pensent réellement faire un acte de résistance, mais je suis en revanche persuadé que les personnes qui écrivent de longs articles au lendemain des attentats pour expliquer à ces mêmes personnes comment elles doivent vivre sont convaincues, elles, de leur importance. C’est là toute la différence, ces jeunes insouciants ne servent à rien, mais ils n’exigent rien, ne moralisent pas, ne se posent pas en référence, ne sont pas condescendant, ne font pas de leur vie un modèle, ne condamnent pas, ne jugent pas. Et c’est ce que ta lettre fait à chaque mot. Tu t’en défendras je le sais, tu diras que tu exposes juste tes idées, que c’est la démocratie, que tu ne moralises pas, mais c’est comme ça que je la reçois, et par moment c’est blessant. Car au milieu des bons sentiments, des saillies anticapitalistes et du discours qui se veut plus idéologique qu’humaniste, il y a cette liste de choses que tu fais et qui te rends tellement meilleure que tous ces crétins qui se contentent de boire sur les trottoirs de la capitale. Tu tiens compagnie aux petits vieux, ils boivent ; tu gardes de enfants pour aider, ils boivent ; tu aides les pauvres, ils boivent… et ils devraient se sentir merdique à l’énonciation de ces faits. Pour que tu réalises ce que j’ai pu ressentir en lisant ton article, imagine qu’un médecin te dise « pendant que tu écris des chansonnettes et des articles, moi je sauve des vies toute la journée ». Ce serait un parfait abruti, de hiérarchiser ainsi la valeur des choses.

    Ils vivent selon le carcan des médias et de la société de consommation, ce sont des moutons, alors que toi tu en es complètement libre, alors tu leur donnes l’autorisation de s’affranchir. « Mais je voulais juste te dire que tu as le droit de te construire autrement que l’image que les médias te renvoient » A-t-on jamais lu phrase plus condescendante ? Chère Sarah, tu vis toi aussi dans un carcan, car on en a tous un, la liberté d’esprit totale n’existe pas, et ce n’est pas parce que ce n’est pas le carcan majoritaire, qu’il en est moins étroit pour autant. Et je voulais te dire que tu as le droit de te construire autrement que l’image que les médias alternatifs te renvoient.

    Ma liberté ? Ma fête ? J’aimerai pouvoir l’exprimer comme toi, mais avec la pudeur d’un homme qui pense n’avoir à donner de leçon à personne, un homme pas assez brillant pour s’ériger en modèle, un homme qui pense que la légèreté contient souvent plus qu’on ne le croit, et la pesanteur souvent moins. Le monde serait probablement meilleur si tout le monde s’aimait, si tout le monde s’aidait, s’il n’y avait plus aucune pollution, si tout le monde mangeait à sa faim, si tout le monde chantait et dansait, mais cela ne viendra pas juste en dictant aux gens de le faire.
    J’espère ne pas avoir été trop agressif, chère Sarah, car finalement je sais bien que tout ça part d’une bonne intention, et vouloir changer le monde est toujours une noble initiative. Des centaines de personnes sont en admiration devant ton texte, je l’ai découvert sur mon mur facebook, partagé par des amis dont j’estime l’esprit, je peux comprendre pourquoi, ce genre de texte donne de l’ambition pour l’après, pour un temps, et c’est une bonne chose.
    Bonne continuation
    Florian

    • Bonjour Florian

      En réponse à votre commentaire sur mon site, je dirais d’abord qu’il est très difficile de se faire une idée de la personne à partir d’un seul texte. Il se trouve que je ne prétends pas du tout changer le monde.

      Il me semble que si on regarde tous les combats qui ont été menés dans notre pays et ailleurs pour acquérir des droits et changer des perspectives, on traitait toujours ceux qui proposaient autre chose comme de donneurs de leçon. Sauf qu’après coup on se dit qu’ils n’avaient pas tort. Si toutes les personnes qui expriment une autre manière de faire sont des donneurs de leçons alors … Diriez-vous d’ailleurs que ceux qui ont lancé le mot d’ordre « Tous en terrasse » sont des donneurs de leçon ?

      Quand vous avez 100 personnes qui tirent sur une corde et en face 10, les 10 doivent développer 10 fois plus de force simplement pour que la corde revienne au centre. C’est un peu ça, ce texte.

      Je ne pense et je ne dis pas que ceux qui boivent c’est de la merde. Si vous voulez avoir cette vision simpliste libre à vous. Moi aussi je vais en terrasse, j’ai passé deux ans à écrire sur ce lieu. Mais quand je vais en terrasse boire un verre je ne prétends pas être en résistance contre les djihadistes. Je me fais du bien, je me relaxe, je parle avec mes amis, j’ai besoin de ça pour ne plus avoir peur. Mais je n’en fais pas un symbole de résistance. C’était là uniquement mon point.

      Je prétends que les gens qui agissent au quotidien font infiniment plus que moi. Sauf que chacun a ses armes : moi ce sont les mots.

      Merci beaucoup pour votre commentaire en tous cas

    • Merci Florian, je n’ai jusqu’à présent pas réussi à m’exprimer, tellement paralysée face à l’incompréhensible.
      Le flot de réactions et d’émotions qui s’expriment depuis ces actes terribles m’avait muré dans le silence. Ta réaction me réveille. Tu as exprimé une partie de ce que je ressens : arrêtons les envolées lyriques, la leçon bien pensante. Soyons simples, humbles et bienveillants.
      Tous les jours, dans mon travail, je vois des injustices, des situations inhumaines qui se vivent au grand jour. Peu de réactions. J’appelle. On me répond : – «Pas le temps» ; – «Pas la tête à ça».
      Aujourd’hui, tout le monde est en deuil, scandalisé par les attentats. J’ai du mal à comprendre l’échelle de valeur dans l’horreur. Faut-il en arriver là pour être enfin concerné ? Où est l’empathie spontanément exprimée face à l’injustice ? J’ai du mal à recevoir les paroles de ceux qui sont habituellement silencieux, ceux qui aujourd’hui font la morale, ceux qui crient plus fort et plus haut que les autres quand jamais auparavant je ne les entendais…

  • Bonjour Sarah, ton texte est très beau, mais pour ma part, j’y émet certaines réserves…j’ai 38 ans, je suis française, née en France de parents français d’origine immigrés Espagnol et Italien, et mon compagnon est français d’origine vietnamienne :-) autant te dire que la tolérance nous on sait ce que sait…mais là n’est pas la question, je suis d’accord avec ta vision du monde moderne, mais accuser la France pour ses besoins de ressources et ses actions militaires, je trouve que c’est un énorme raccourci, un peu injuste, moi je ne me sens absolument pas coupable de tout ça, et oui je n’ai pas honte de le dire, ça fait une semaine que je ne sors pas, car j’ai peur et oui nous allons tous mourir un jour mais je n’ai certainement pas envie de mourir fauché par les balles d’un malade mental, car c’est bien triste mais je n’y suis pour rien si mon pays combat la Syrie pour du pétrole, je ne travaille ni à l’Elysee, ni à l’assemblée, je suis née dans une société moderne, c’est comme ça et si nous consommons à bloc, c’est qu’au fond j’estime que les réels coupables sont à un niveau qui me dépasse, s’il faut accuser la France parce qu’elle se sert du pétrole du Moyen Orient, alors il faut accuser tout un tas de coupables, tous les autres pays du monde, tous ceux qui fabriquent, les holdings, les usines, tous ceux qui sont connectés, nous tous qui utilisons facebook et compagnie et surtout celui qui l’a créé qui se gavent sur notre compte, et pour moi ça revient à dire»nous l’avons bien cherché»? Voilà quelque part ce que m’a fait ton texte, d’accord avec l’écologie, d’accord avec la vie, la vraie, simple, d’accord avec les petits concerts, ok, mais tout ça moi tu vois, je n’ai pas attendu que des centaines de mes concitoyens et compatriotes se fassent abattre lâchement pour le pratiquer, nous sommes originaires de cité dans une ville du sud de la France à côté de Marseille et vivons depuis 25 ans dans un petit village tranquille du sud, nous avons beaucoup voyagé et même travaillé à l’étranger, nous avons été à notre tour travailleur expatriés immigré, alors les facettes de la société, nous les avons toutes connues, en ce sens je ne me sens pas vraiment concernés par quelques passages de ton texte, et pour moi, je pense qu’il est un peu à côté de la réalité. Là, en l’instant t, je regarde les infos depuis une semaine et pendant que je t’écris encore, on annonce des mesures de sécurité en Belgique, on nous annonce que 2 tarés de terroriste sont encore en fuite, des alertes à la bombe sur des avions français Air France ont été fait à Los Angeles, il faut se confronter à une réalité qui nous fait à tous très peur, AGIR, car la France et les autres peuples ont compris que la gangrène était dans nos territoires et peut-être juste dans nos quartiers, dans nos immeubles, peut-être juste le voisin de palier, et comme l’on dit cette semaine beaucoup d’intellectuels, des personnalités de loi, des forces de l’ordre, ok tous unis, tous pour la paix, mais pour l’heure ça n’est pas du tout la priorité et nous refusons cette réalité, si nous avons des débats à côté de la plaque (non moins important ça n’est pas ce que je dis) nous allons perdre toutes nos libertés, même celle de vouloir profiter des choses simples et de vouloir faire changer les choses, de vouloir être écologique, vivre sainement et nature et pour conclure tout ce que j’ai envie de dire Sarah, c’est que je t’aime ou que tu sois, car tu es un bel exemple pour nos enfants :-) mais pour l’heure ne nous trompons pas de combat, je terminerai avec cette phrase que j’aime beaucoup et que j’ai d’ailleurs posté sur mon facebook (et oui) car ça résume tellement de choses «chacun a le droit fondamental et divin de préserver sa vie et celle de sa descendance» :-) bien à toi, Alexandra.

    • Bonjour Alexandra et merci infiniment pour ce commentaire.

      Bien sûr mon texte n’est pas un essai, ce que vous appelez raccourci ce sont des ellipses sur des points qui me semblent évidents. Il va de soi que je ne disais pas «on l’a bien cherché». Simplement quand je lis des spécialistes de la question, tous expliquent bien que nous (nos pays, nos gouvernements) ont créé leurs propres monstres. Ce n’est pas de notre faute, mais peut-on se désolidariser des actions de nos gouvernements ? Si on ne vote pas, oui, j’imagine. Mais si on vote, alors ça semble difficile. Dans ce cas notre responsabilité première ne serait-elle pas d’exiger des changements de représentation politique ?

      Il se trouve que je travaille justement sur ceux qui agissent au quotidien, et je sais bien qu’ils sont nombreux. Ce n’est évidemment pas à eux que cette lettre s’adressait.

      Ensuite

  • Bonsoir Sarah, je viens de lire votre article publié dans Médiapart qu’une amie a eu la bonne idée de transmettre par Facebook. Je dois vous dire que vous m’avez subjuguée, votre écriture est belle, subtile, intelligente, pertinente et tellement humaine. Votre analyse est d’une telle profondeur si peu de temps après les évènements que je ne peux qu’espérer que vos travaux seront publiés et lus par le plus grand nombre. J’ai des enfants adultes : ma fille Sarah est professeur de français et s’interroge sur la teneur des échanges indispensables qu’elle doit avoir avec ses élèves de collège et mon fils Hugo prépare actuellement le CAPES d’Histoire; à tous deux j’ai transmis votre article qui de mon point de vue résume l’essentiel de tout ce à quoi il est indispensable de réfléchir et ouvre des perspectives abordables par tout un chacun.
    Je ne vais pas me priver de parler de vous tellement votre contribution est précieuse.
    Je vous remercie, vous félicite et me permets de vous embrasser.
    Belle vie à vous.

  • Sarah, je suis une citoyenne globale, nee allemande, vecue en plusieurs pays, maintenant en nouvelle Zelande…
    J’espere tu traduira ta lettre en anglais… le monde anglo-saxon profiterait aussi de cette vue et conversation.

    Je suis tellement d’accord avec ce que tu as ecrit meme si j’ai 20 ans de plus…la verite et la sagesse ne connait pas d’age…

    Being a global gypsy I can see how all people on earth are really one family, connected by the web of UBUNTU, as some Africans including Mandela and Tutu call it. When we can live the interconnectedness amongst people again by understanding profoundly that we cannot be truly happy as long a one of our brothers or sisters is unhappy. The unhappiness of others, even on TV or in a book or in a story, clouds our own happiness and rightfully so. Humans are constructed this way for our communities to grow together.
    We will find full «epanouissement» (such a great french word!!) when we see all people happy. The most powerful way I found so far is IN ourselves, in our own heart where we stop to judge ourselves and others (a lifetime challenge for me), and then practice this in our marriages and families (the challenge’s right here!) , and as you suggest at our own doorsteps for example with the numerous disadvantaged people from indigenous cultures, elders, ill, burnout… TV, mainstream media and consumerism seem to distract us from this simple but powerful path.
    En honneur des evenements a Paris, sur notre petite ile dans le Pacifique devant Auckland, notre prof de meditation nous a donne une vision aux yeux fermes: comment est-ce que je serais moi dans mes actions de tous les jours si j’avais la paix dans et autour de moi comme une brume doree – quand je fais la vaisselle, quand je suis mon email, quand je rencontre des gens – et eux aussi ont fait le meme effort de cultiver leur paix interieure.
    Finding inner peace for outer peace (a passion of the Dalai Lama) can be done in all different cultures. When I can stop judging, I can be in peace with all. This is one path I can see we might have UNITY IN DIVERSITY.

  • Merci merci Sarah pour cet article et ton analyse….

  • Bonjour Sarah,
    J’ai été touché par ton texte comme beaucoup. Mais je souris aussi de voir des amis le partager qui il me semble, n’agissent pas tellement au quotidien pour lutter contre ce système moisit, qui nous fait préférer notre petit confort, notre apparente sécurité au détriment du bien être d’autrui. Peut être que mon point de vu militant ne considère pas assez les micro-luttes quotidiennes auxquels ils sont confrontés. Mais je ne peux m’empêcher de bouillir, de vouloir plus que ces petites mesures. Cela me rend triste que l’on puisse se satisfaire de ce système. On me répond souvent quand je clame mon idéal « mais ce n’est pas si pire, on n’est pas en Corée du Nord », et ils restent là endormi sur leur canapé.

    Dans cette vidéo ( https://www.youtube.com/watch?v=8G4xkLxzX_8 ), Brel dit « La bêtise c’est de la paresse, la bêtise c’est un type qui vit et qui dit ça me suffit. Je vis, je vais bien, ça me suffit. La bêtise c’est de la paresse, c’est un genre de graisse autour du coeur, de graisse autour du cerveau. » Je n’aurai pas mieux résumé.
    Mais comment faire pour ne pas maintenir les gens dans leur bêtise? les sortir de la paresse? Comment faire pour que ces gens se battent pour construire un monde meilleur?

    J’ai eu ma période Y a qu’à… Il faut qu’on… pendant laquelle je me renseignais sur ce monde qui va mal. J’ai ensuite rencontré tout un tas d’alternatives qui construisent ce monde meilleur que je cherche. Et depuis je fais. Je fais au quotidien de multiples alternatives à ce système moisit. Je diminue ainsi mon impact personnel, tout en projetant d’aller encore plus loin. Mais cela reste personnel. C’est beaucoup à l’échelle de moi même, mais minuscule à l’échelle de la planète. Or ça urge. La planète se dégrade, la violence grandit, l’argent gagne toujours plus de terrain face à notre « humanité ». Comment trouver la paix si nous ne la faisons pas ensemble?

    J’ai eu besoin de temps pour me mettre en action. La conscience n’est pas une prise sur laquelle on se branche. C’est une montagne que l’on gravit et qui donnant de la hauteur, permet de prendre du recul sur le monde et lui trouver des alternatives. (C’est une image que je pique à Pierre Rabhi.) Il faut à chacun du temps pour gravir cette montagne. Et si on veut accélérer cet ascension, c’est à chacun de nous de dégager le chemin en montrant l’exemple.

    Je te remercie donc pour ce texte, ce chemin que tu a dégagé pour certains et souhaite que cela résonne et incite les coeurs que tu as touché à gravir cette montagne à leur tour.
    Helene

    • Merci Hélène pour ce témoignage engagé.
      Depuis ces évènements, et toutes ces réflexions, je m’interroge également.
      Que peut-on faire dans cette société? Et donc que fais tu, à ton niveau, dans ton quotidien ? Merci de donner l’élan à d’autres personnes qui ne vivent pas non plus dans une société «convenable».
      Et bien sûr merci à Sarah pour ce texte fort qui fait réfléchir.
      Diane

  • Comme beaucoup de personne, vous tombez dans le piège de passer très vite à l’analyse et l’introspection pour pointer des responsabilités secondaires ou des facteurs qui permettraient d’expliquer les événements tragiques. Pourtant les premiers responsables de cette violence sont bien les auteurs eux-mêmes, avant même ceux qui les dirigent. Ensuite viennent ceux wui les inspirent, les mouvements idéologiques extrémistes qui servent de guide et paradigme aux auteurs des attentats. En derniers lieu vient la responsabilité indirecte du monde et là on peut y mettre beaucoup de chose comme vous le faites sans hésiter: les inégalités et l’injustice sociale, la colonisation, le pétrole et le néo-libéralisme, etc pourquoi pas. A cet exercice j’ajouterais aussi Napoléon et la révolution francaise, Karl Marx et Nietzsche, le christianisme et la christianisation, les romains, César et Alexandre le Grand. Pourquoi pas après tout? Alexandre le grand a envahit l’orient, combattu Darius le grand et est peut-être aussi un peu la cause (très indirecte) des attentats à Paris.
    Finalement, je n’ai toujours pas compris si oui ou non vous allez continuer à aller en terrasse.
    Vous avez beaucoup de certitudes et peu de doute, apparemment. C’est dommage. Douter sur ses propres certitudes, c’est aussi le début d’une réflexion intéressante. Il semble pourtant que vous ayiez été prompte à amener votre analyse sur le terrain de vos combats habituels et de ne pas remettre en cause vos pradirgmes. Personnellement je trouve normal que la première réponse à la tragédie porte sur les soirées en terrasse et les concerts en salle de spectacle car ce sont les lieux qui ont été visés ce soir là. Ensuite vous risquez de déresponsabiliser les auteurs des attentats et leurs commanditaires en pointant des responsabilités indirectes qui sont d’abord des facteurs environnementaux avant d’être des causes directes. Vous risquez de justifier la violence par l’injustice ou la souffrance morale.

    • Bonjour David. il me semblait clair que les premiers responsables étaient les djihadistes et leurs inspirateurs. Cela semble si évident que je ne l’ai pas précisé. Cela n’enlève pas notre part de responsabilité en tant que société. Ce n’est pas parce qu’on s’interroge sur nos propres resonsabilités qu’on renie celle des assassins. Oui j’irai en terrasse, rassurez-vous.

  • je suis ému de voir, de lire et d’entendre de belles intelligences de cœur s’exprimer à la suite des événements.
    Votre écrit que je viens de découvrir fait parti de cela. merci de votre talent que vous mettez au service de l’amour.
    Vos lignes réchauffent mon cœur, et me donnent confiance dans l’avenir. Je pense profondément que, ce que nous vivons est le résultat de nos actions collectives passées et présentes… et que la lumière la paix et la fraternité émergeront lorsque l’homme aura fait le travail de conscience et de guérison nécessaires à l’évolution de notre humanité.
    Merci pour ce que vous êtes, merci pour la lumière que vous portez.
    Profonde fraternité.
    Bernhard

  • Je m’appelle aussi Sarah, je n’ai pas 30 ans, je suis aussi d’origine maghrébine, et je suis absolument fan de ta plume.
    J’ai partagé ton texte avec toute ma famille, ma mère l’a imprimé à mon grand père, ma tante a été très ému, bref tu nous a fait du bien.
    Quelques jours après les événements, j’avais envie d’en écrire un, de textes. Mais comment complexifié sa pensée, l’élargir, la relié tout en restant délicat : c’est exactement ce que tu as su faire. Je le trouve vrai, juste, beau, poétique. Je comprends que ton texte fasse réagir, suscite des émotions vives car il dépeint notre société actuelle. Quand j’ai voulu relier le réchauffement climatique avec les attentats, la plupart des gens me disaient «tu mélange tout». Quand j’ai voulu relier la détresse de notre jeunesse actuelle aux attentats on me disait «tu trouves des excuses», et quand je voulais relier notre comportement quotidiens avec les événements de Paris on me disait «Arrête de culpabiliser les gens». Maintenant, je présente ton texte.
    Je ne te connais pas, mais tu me fais du bien. Je suis heureuse de connaître ton site qui est déjà dans mes favoris. Je dévore tes articles. Merci. Juste merci.

    Une autre Sarah.

  • Chère Sarah

    Je ne vous connais pas mais je vous aime, et en ce moment j’aime beaucoup les gens, plus qu’avant…. et je le leur dis

    Je vous aime parce que les événements du 13/11 me donnent un désir renforcé d’humanité et que votre lettre en est chargée
    Parce que vous rappelez qu’à la jouissance de la liberté sont attachés quelques devoirs, devoirs de solidarité et de promotion de l’égalité

    Je suis moi aussi française et comme beaucoup de français, «j’ai des origines» … diverses
    Moi aussi j’ai travaillé «dans les quartiers».( c’est quoi ça «les quartiers»? Ça veut dire quoi au juste ? Il faudrait peut être commencer par parler «des quartiers» autrement)

    Sur les bancs de l’école on était black blanc beur
    Une réalité, puis un slogan, une ambition manquée
    À la défense les blacks sortent les poubelles, les beurs servent dans les restos, les blancs sont derrière leurs ordis

    Como cambio el cuento, comme disent les espagnols

    Dans tous les «événements» auxquels je me suis rendue dans le cadre de mes fonctions professionnelles depuis 15 jours j’ai entendu beaucoup de discours de solidarité suite au 13/11. Dans le public on était tous bien entre nous, blanc de blanc, white sur white, personne qui ne fasse tâche. Ah si pardon, les vigiles à l’entrée bien-sur ! …

    Alors oui vous avez raison, s’assoir en terrasse …. oui pour refaire le monde, pour prendre le temps de la réflexion, pour envisager d’aller un peu plus vers l’Autre, pour s’enorgueillir de ce qu’est la France dans sa promesse : liberté, égalité, fraternité

    Ou alors surtout refaire le monde d’abord
    Dans le métro, dans la rue, au travail et peut-être aussi à la terrasse des cafés

    Merci
    Jube

  • Les moments difficiles nous donne l’occasion de réfléchir sur notre monde, sur notre vie, sur le collectif, sur l’individuel. (cela me ravit à chaque fois de devoir réajuster mes premières réflexions)
    Je te remercie pour ton texte, comme je remercie tous ceux qui par leurs commentaires ajoutent leur pierre à l’édifice.
    Comment être juste devant la complexité de notre monde ?
    Il y a toujours un nouvel angle, un nouvel élément, une part de l’histoire qui enrichit notre point de vue et nos actions.
    J’apprécie l’angle des petites choses du quotidien ce qui n’empêche pas de s’engager collectivement et globalement pour plus de justice et de fraternité.
    Nous n’aurons jamais fini de nous interroger pour rendre le monde meilleur.
    Merci à vous tous.
    Comme en janvier, je réécoute Jules Beaucarne
    https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&sqi=2&ved=0CCIQyCkwAGoVChMI69_nooycyQIVQToPCh1IIQS7&url=http%3A%2F%2Fwww.youtube.com%2Fwatch%3Fv%3D_E1HbACfWNo&usg=AFQjCNHrB6VfzgCByNZUSoec5BjoD0nsLQ&sig2=q6Hs1tM1ALQBFIfq3wkzGA&bvm=bv.107763241,d.ZWU
    Avec pour conclusion : je pense de toutes mes forces qu’il faut s’aimer à tort et à travers
    Haut les coeurs !

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