"Dans la loge de l'artiste"

Le 5 mai dernier, dans le cadre du festival Jamais Lu, Philippe Ducros a présenté son texte »La cartomancie du territoire», premier volet du projet »Réserves». Un texte né de mois qu’il a passé à arpenter les réserves autochtones au Québec.

1.La blessure et l’espoir

Derrière le rideau d’arbres le long des routes canadiennes, il y a la coupe à blanc. Derrière les visages des autochtones, il y a une blessure profonde. C’est elle que Philippe Ducros est allée chercher. À ceux qui diront qu’il ne montre que le côté obscur, il répond que c’est bien la réalité pourtant, celle dont personne ne parle : les enlèvements des femmes autochtones, le taux de suicide, l’alcoolisme, le taux d’incarcération. Et que c’est dans le geste artistique de vouloir faire sortir tout ça que réside l’espoir.

 

2.Le passeur des voix des colonisés

Philippe Ducros ne se contente pas d’être le témoin de la réalité autochtone ou des autres réalités cachées qu’il a été chercher en République Démocratique du Congo, en Chine ou encore en Palestine. En étant l’oreille puis le passeur de ces sans-voix, il tire une réflexion globale sur le colonialisme et sur lui-même, en tant que Québécois, c’est à dire à la fois colon et colonisé.

Philippe Ducros : Le passeur des voix des colonisés by Sarahroubato on Mixcloud

3. La colère et le pouvoir des mots

Mettre des mots sur ce qu’on ne veut plus nommer. Parce qu’il y a une blessure et qu’on a retiré à des gens les moyens de se penser et de s’exprimer. Parce que les outils traditionnels où se forgent la pensée – l’école, les journaux, la culture – sont des marchandises. Écrire, pour Philippe Ducros, c’est commencer à se libérer des oppressions culturelles, politiques, territoriales qui pèsent sur les peuples et sur les individus.

Philippe Ducros : La colère et le pouvoir des mots by Sarahroubato on Mixcloud

4. Le théâtre comme laboratoire

Conscient d’utiliser un médium qui touche un public ciblé, Philippe Ducros trouve dans le théâtre et en particulier au festival Famais Lu un laboratoire d’idées, encore préservé de la dictature du rire et du divertissement. C’est aussi un médium qui nécessite moins de moyens que le cinéma. Voyageur qui a construit son identité sur les routes, Philippe Ducros propose un théâtre québécois qui sort de la thématique identitaire en parlant de sujets habituellement couverts par les reporters de guerre.

Philippe Ducros : le théâtre comme laboratoire by Sarahroubato on Mixcloud

"Dans la loge de l'artiste"

We are not legends nest pas encore un documentaire ni un film. C’est à l’heure actuelle le projet d’une rencontre entre une jeune comédienne belge, Hélène Collin, et certaines communautés autochtones du Canada, en particulier les Atikamekw de Wemotaci. Une rencontre dont Hélène fait son art le plus abouti.

1. La rencontre, le processus (10’24)

Dans une société où l’on s’attend à ce que chaque individu planifie clairement son parcours académique et professionnel, Hélène retrouve dans cette expérience le plaisir de se laisser étonner.

2. Le ravissement de se laisser étonner (5’54)

Au départ de «We are not legends», le désir de sortir les Amérindiens des clichés dans lesquels ils sont enfermés. Les regarder pour ce qu’ils font et non pour ce qu’ils nous semblent être, des gens figés dans leurs légendes folkloriques ou dans leur état d’assistés sociaux. Faire comme eux : regarder les gestes des gens.

3. La langue, les gestes, défaire les clichés (9’13)

4. Hélène répond au questionnaire (4’13)

Nous avons eu le privilège de nous entretenir avec Hélène quelques heures avant son départ pour la Belgique, après un an passé au Canada…son départ, son retour ?

5. Le sens du retour