Appel aux semeurs et aux réclameurs du changement : après la marche, la démarche

Un départ est toujours à la fois une fin et un recommencement. La démission de Nicolas Hulot est « un geste pour vous servir » comme il le déclara dans son discours de départ du Ministère de la transition écologique et solidaire. Depuis, beaucoup se sont donnés à l’exercice de la critique. Que le ministre, le symbole ou l’homme soient critiquables, sans doute. Mais n’est-il pas plus utile de considérer la force de son geste, qui est d’avoir remis en question non seulement le gouvernement mais aussi la société civile ? À cet appel chacun peut répondre, dans son champ d’expertise et d’action, pour que cette démission ne soit pas la fin d’une lutte mais son rebond. Pour que l’aveu d’un échec soit le point de départ paradoxal d’une volonté de reconquête… du simple bon sens.

Partout où je passe, chez les paysans et les ouvriers, les chercheurs les thérapeutes les professeurs, les cadres, les désoeuvrés et les artistes,  je constate à la fois cette soif de changement et le désarroi devant l’ampleur du défi et la certitude que rien ne changera de toute façon. Car nous vivons encore dans l’idée que tout dépend de ceux qui nous gouvernent.  Je crois qu’il n’est plus question d’y croire ou pas, mais d’engager notre responsabilité et de tenter, ne serait-ce que pour se dire qu’on aura fait le maximum. Il est temps de sortir du confort du désarroi et de la critique.

J’aimerais pouvoir proposer ce qui me semble être le levier le plus puissant et à portée de tous : le boycott. Si ceux qui ont les moyens de mobiliser sur ce sujet le font, j’y participerai. Mais je ne peux aujourd’hui que proposer à ceux qui lisent ces lignes, des actions dans la matière que je travaille. Dans un entretien récent au Figaro, Cyril Dion a récemment réagi à cette démission. Je reprends ici certains de ses constats que je partage pour proposer un levier de mobilisation, parmi tant d’autres. Car comme l’écrivait Rafael Alberti, poète espagnol : 

« Il faut créer les conditions d’une mobilisation permanente »

Des dizaines de milliers de personnes ont marché hier pour Le Climat. La prise de conscience existe. Il nous manque le courage des petits gestes du quotidien et l’organisation des acteurs du changement que nous sommes. Comment aller au-delà d’une mobilisation ponctuelle et symbolique comme le fut cette marche pour créer un engagement permanent et quotidien ?

 « Nous avons besoin d’imaginer une autre société, de proposer une autre représentation du monde, un autre récit qui suscite l’enthousiasme »

Mon travail, c’est d’exprimer les potentiels en germe dans la société qui ne s’expriment pas. Voilà pourquoi je parcours la France pour recueillir la parole de gens qui oeuvrent chaque jour à la construction d’un autre demain, dans tous les domaines : un paysan d’Ariège, une sculpteure de Normandie, un boxeur d’Aubervilliers, un boulanger de Picardie, un chanteur de Paris, un metteur en scène, une maman, une ancienne galeriste devenue distilleuse, une chef d’entreprise… Par leurs choix de vie et de pratiques de leurs métiers, ces personnes nous proposent d’autres manières d’éduquer, de manger en respectant le vivant, d’autres liens à notre corps, à la manière de gérer le temps, de pratiquer notre art, d’envisager le succès et la réussite, de vivre avec les autres générations.

À partir d’une immersion dans leur quotidien, je crée des portraits sonores qui ne sont pas des reportages mais des créations artistiques, qui permettent d’aller au-delà de l’anecdotique d’une situation.
Je présente ces portraits dans des écoles, des salles de spectacle et chez les particuliers. Je souhaite proposer ces outils à ceux qui – structures ou particuliers – souhaiteraient partager avec leurs collègues, leurs amis, leurs familles, d’autres visions et d’autres possibles, lors de séances d’écoutes collectives.

Je tiens à dire à eux qui en auraient déjà des fourmillements dans les doigts de ne pas perdre leur énergie à commenter que je cherche à utiliser l’actualité pour promouvoir mon travail. Ce travail existe déjà, je le réalise sans aucun financement, je ne gagne pas d’argent avec, j’en perds plutôt. Je ne souhaite pas le succès de mon travail mais son utilité pour la société.

Ces séances sont un acte politique premier, par lequel des citoyens se réunissent pour discuter ensemble de possibilités de changements. Elles permettent de sortir la proposition artistique du divertissement pour en faire un outil de façonnage du changement, de s’ancrer dans le réel et le concret en donnant à entendre des gens, nos voisins partout en France, qui oeuvrent déjà. Elles offrent aux familles amis et collègues la possibilité de se réunir en dehors des codes habituels et d’établir de nouveaux liens. Elles sont une fenêtre sur notre pays que les grands médias ne nous font pas voir.

Le son et l’absence d’image permettent de renouer avec un sens mis à mal dans notre société du visuel : l’écoute. L’identification est différente, la personne qu’on écoute vient à nous par la voix, l’expérience collective permet d’interagir entre auditeurs. L’écoute collective permet de retrouver le lien entre proposition artistique et nos vies quotidiennes, entre l’expression de nos sentiments et leur incarnation dans le réel, entre une représentation de la société et ce que nous en faisons. À l’heure où plus personne ne croit en la représentation médiatique ni politique, il est urgent de nous la réapproprier. Changer nos représentations de la société, telle est la condition pour envisager d’autres possibles.

« Il faut coordonner les actions, des ONG, politiques, penseurs, artistes… pour les rendre efficaces » 

Que vous soyez déjà acteurs du changement mais enfermés dans un entre-soi de convaincus, que vous tentiez de l’amener au sein d’une structure mais que vous vous sentiez isolés, que vous y pensiez mais que vous n’osiez pas, que vous le fassiez déjà mais que vous cherchiez de nouveaux outils : commerçants, ONG, entreprises, écoles, lieux de diffusion culturelle, vous pouvez vous réapproprier ces portraits dans votre action. À vous de créer des rendez-vous réguliers, dans une salle de réunion, un salon de coiffure, chez vous, un café, un théâtre, un fournil de boulanger, un cinéma, une salle de classe, une usine, une salle de sport. Les besoins techniques sont minimaux : des enceintes et un lieu fermé.

« Nous avons besoin de rediriger l’énergie, bien souvent captée par le divertissement, et de l’orienter vers ce qui est utile. » 

J’appelle également les artistes qui voudraient mettre leur art au service d’autre chose que le divertissement,  à nous réunir pour envisager des créations artistiques et des modes de diffusion différents.

Vous retrouverez ici des extraits de ces portraits et ici une analyse transversale

J’atttends vos propositions via ce formulaire de contact.

À tout de suite

 

 

 

 

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