Lettre à Pierrot 3 : Tout lâcher pour ne rien perdre

 

Montréal, une nuit après le deuxième morceau

Bien cher Pierrot,

Vous avez décidé de tout perdre pour gagner l’essentiel. Vous marchez vos questions : « Qu’est-ce que j’ai fait pour mon rêve aujourd’hui et en quoi s’occupe-t-il de la beauté du monde ? » Vous n’avez pas de maison. Tout ce que vous portez sur vous – manteau, chapeau, chandail, bottes – on vous les a donnés. Vous n’avez que votre guitare et un cahier.

Alors Pierrot, vous ne risquez plus de perdre quoi que ce soit. Ni un chez soi, ni un travail, ni un espoir, même des amis. Puisque vous n’attendez rien et que vous cultivez l’éphémère. Vous n’avez même pas d’itinéraire à suivre, vous allez là où celui qui vous aura pris en pouce va. Enfin si, quand même … vous devez suivre le chemin de votre rêve. Réenchanter le quotidien des autres. C’est un chemin difficile. Car les tentations de la facilité sont partout.

Vous savez Pierrot, c’est devenu à la mode de présenter les itinéraires de grands voyageurs. Untel parcourt l’Afrique à pied, un autre ne dépense pas plus de 1$ par jour. Et tout le monde partage et tout le monde aime. À force d’en voir défiler, tous plus extrêmes et exotiques les uns que les autres, j’ai pensé que c’était trop lointain pour que la plupart des gens se sente concernée.

Mais vous n’êtes pas exotique, Pierrot. Parce que les gens vous connaissent et parlent de vous, ici et partout. Vous êtes parmi nous. Et puis parce qu’il importe peu que vous marchiez le Québec avec un case de guitare ou que vous rouliez dans une belle auto. L’important c’est ce que vous transmettez à tous ceux que vous rencontrez. On peut marcher son rêve sur une route, dans la montagne ou entre les tours d’un building. L’important est de ne se charger de rien d’autre que de ce qui nourrit son rêve. Faire en sorte qu’on ne puisse plus rien perdre.

Ne se charger
De rien d’autre
Que de ce qui nourrit
Mon rêve

 

 

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