Colchique dans les prés, c’est QUAND la fin de l’été ? : La disparition de l’automne

C’est la saison à laquelle s’identifient toutes les âmes généreuses et tourmentées, qu’ont si bien chantée Verlaine, Baudelaire, Lamartine, Hugo et bien d’autres. C’est aussi une saison de la renaissance, qui sort le vivant de la torpeur de l’été. Les champignons et les noix nous offrent le goût de la terre. La nuit reprend ses droits, car le jour lui laisse sa juste part. Enfin, les ciels se mettent à parler, et les ruisseaux à chanter… pardon, je recommence… Les ciels se mettaient à parler, les ruisseaux à chanter. Les arbres jouaient leur magnifique symphonie de couleurs. Les vents faisaient pleuvoir les feuilles, et même parfois, pleuvoir à l’envers une pluie dorée qui venait se déposer sur l’eau, sur une pierre ou dans nos jardins où on s’empressait de les ratisser pour que ça fasse « propre ». Le soleil était délicieux, parce qu’il avait renoncé à nous écraser.

C’était déjà hier. Septembre 2023, mois de septembre le plus chaud jamais enregistré au niveau mondial. Plus de 30 degrés en France un peu partout depuis un mois. Il cogne, toujours. Les pommiers refleurissent, les oeillets s’offrent un deuxième printemps. Les érables ne rougissent pas. Les feuilles tombent vertes ou brunes directement.

Dans notre époque d’agressivité permanente, de binarité appliquée à tout et du règne des extrêmes, l’automne n’a sans doute plus sa place. Saison intermédiaire, saison des équilibres, saison de la modération, où le froid est frais et le chaud est doux. Saison de la diversité aussi, qui accueille toutes les autres saisons. Quand sur certains sommets c’est déjà l’hiver, en plaine c’est encore une douceur estivale. En forêt et sur les bords des routes, c’est le chant d’automne des arbres et à leur pied, le printemps des colchiques et des bruyères.

Bientôt il n’y aura plus que la saison des pluies et la saison sèche, les je like / je like pas, pouce en haut/pouce en bas, pour ou contre, les gagnants et les perdants, les reçus et les refusés, nous et les autres. Et nos petits-enfants nous demanderont avec de grands yeux émerveillés : « Mamie, Papi, raconte-moi l’automne ! »