Derrière le rideau (1) : Lecteurs, j’aimerais vous dire…

Il y a un mois, je vous soumettais un questionnaire (cliquez ici pour y accéder). Je vais me permettre ici un exercice peu courant : celui de vous livrer mes impressions et mes questionnements en retour à vos réponses. C’est habituellement ce qui se passe derrière le rideau, parmi les membres de l’équipe de production autour d’un artiste. Mais je n’ai pas d’équipe ni de confident. Et surtout, je crois profondément qu’un changement est en train de s’opérer dans le rapport entre public et artistes, comme à une échelle plus large, entre citoyens et politique.
Je vous considère comme des collaborateurs, non pas à mon succès, mais à la vie de mes textes, qui doivent apprendre à vivre sans moi. Qu’est-ce que je cherche ? À vous éclairer, vous secouer, vous émouvoir ? À mettre les points sur les i, à envoyer un signal de détresse ou à quémander ? Rien de tout ça, et un peu de tout ça peut-être. Je vous laisse juges. Cette confidence appelle les vôtres, alors n’hésitez pas à m’écrire pour me donner vos impressions et vos avis en cliquant ici. Nous travaillons ensemble. Cet exercice constituera un dossier en trois parties qui répondront chacune à chacune de mes activités :  l’écriture  (articles et livres), la réalisation, (portraits sonores) et la scène (veillées et spectacles). 

I. ÉCRIRE

Combien êtes-vous ?

Le nombre de vues apparaît pour chaque article sur le site. Ce sont en général des centaines et pour certains des milliers de vues. Vous êtes 950 personnes à recevoir l’infolettre.  20 à 30% à l’ouvrir, ce qui est un bon taux (si, si, me disent les spécialistes en communication !), et environ 5 à 8% à cliquer sur le lien pour lire l’article en entier.
 

Gagner sa vie avec son métier

Dois-je continuer à écrire des textes gratuitement ? Est-ce que mes autres activités me rapportent assez pour que le blog reste une vitrine ?

Pour la plupart des métiers, c’est le b.a ba : tu travailles, tu es payé. Que tu surveilles un parking vide, que tu serves un café qui ne sera pas bu, que ta consultation thérapeutique d’une demie heure ait été efficace ou non, qu’il y ait des clients dans la boutique ou pas. Pour les métiers de création et de recherche – journalistes indépendants, photographes, magiciens, musiciens, écrivains, artisans, artistes de scène – on travaille d’abord, on verra ensuite si on est payé. Pourtant nos métiers n’ont pas d’horaires, ni de weekend ni de vacances. En d’autres temps le créateur était pris en charge par la société car il était reconnu d’utilité publique, comme le guérisseur ou la sage femme.

Je reçois environ 1 don sur 7 articles. Les dons varient entre 5 et 20 euros. Cela fait environ 1,80 euro gagné par article.  

marché du livre – Ministère de la Culture


Je perçois 0,65
€ sur chaque exemplaire vendu de Trouve le verbe de ta vie  (10% du prix de vente) et 2,10 euros sur chaque exemplaire vendu de 30 ans dans une heure (15% du prix de vente). Ce sont de très bons taux par rapport à la moyenne des éditeurs indépendants… Si si … le libraire prend 30% et la diffusion et distribution 40% pour les petits éditeurs indépendants. 

72% d’entre vous n’ont jamais fait de don pour un article, mais plus de 50% d’entre vous considèrent que ce serait normal de payer, par une contribution libre et volontaire. Que se passe-t-il? Manque de temps, impression que c’est compliqué, manque de confiance dans le paiement en ligne, impression que d’autres doivent déjà donner et que cela suffit ?

3. C’est quoi, écrire un texte ?

Un article, c’est une idée, une sensation, un sentiment à exprimer, qui macère longtemps, et un jour rencontre une scène de la vie de tous les jours ou une actualité pour y prendre forme. C’est un temps qu’on arrache pour se rendre disponible à l’écriture. Parfois d’un trait, parfois en plusieurs soirées. On laisse reposer, on y revient, on relit, on corrige.

Ce qui ne varie jamais, c’est le temps de mise en ligne de l’article : une demie heure à une heure pour trouver les bonnes images et mettre en page avec le texte, et une demie heure à une heure à nouveau pour choisir les extraits, créer l’infolettre, la programmer et faire de même pour la publication Facebook. En tout, un article dans sa rédaction et publication prend au minimum 6 heures de travail. Évidemment, vous ne demandez pas ces articles comme vous commandez votre café. C’est moi qui vous le propose. Votre marge de liberté est importante. Si ce blog devenait

Je reçois des centaines de messages magnifiques me confiant à quel point ces textes changent des choses et me disant : « Continuez ! » J’en suis heureuse, bien entendu. Ces mots me réchauffent mais ne me nourrissent pas. Et quand on a trop faim on a toujours froid. L’artiste peut s’épuiser à créer. Mais il ne peut pas s’épuiser à faire comprendre que lui aussi fait un métier. Et si un jour vous ne l’entendez plus, c’est que le sentiment d’injustice l’aura mis à terre.

Faisons un pacte

Ce pacte reposerait sur la notion d’intelligence collective du groupe. Ma survie en tant que créateur dépend de la capacité de chacun à évaluer sa juste participation au lien qui nous unit. Je ne suis pas la seule créature que vous soutenez, et il n’est pas question pour vous de vous ruiner ni de vous dévouer au soutien d’un seul.

Pour ceux qui souhaitent donner chaque mois un montant fixe, je vais lancer un tipee ou patreon. Vous pourrez ainsi encourager une démarche générale, vous fixez le montant et vous pouvez l’arrêter quand vous voulez. Ce sera pour vous une seule manipulation de paiement.

Pour ceux qui souhaitent participer à une juste rétribution seulement quand ils lisent un article, j’indiquerai pour chaque article les dons récoltés. Ainsi vous pourrez juger si cela suffit, donner tout de suite ou une prochaine fois.

Publier les articles sur papier ?

Lors d’une récente tournée, une personne me disait qu’elle lirait plus d’articles s’ils étaient sur papier car quand elle n’a pas le temps elle ne pense plus à retourner sur internet. L’idée m’a séduite : un petit livre saisonnier, où je pourrais réunir des textes sur des thématiques et les mettre en résonance les uns par rapport aux autres. Petit format, mise en page simple, noir et blanc…et vous imaginer, au gré d’une conversation ou d’une pensée, dire : « Tiens, c’est drôle, justement elle a écrit dessus… »

63% d’entre vous trouvent que sur internet ça suffit
25% aimeraient bien en papier, et parmi eux, 73% serait prêt à mettre en 5 et 10 €

Malheureusement cela représente moins de 20 personnes intéressées par la version papier. La loi de l’impression étant celle-ci : le moins j’imprime le plus c’est cher, le coût de production sera d’environ 3 €. Avec des frais de port d’environ 2 €, j’arrive déjà à un coût de production de 5 €. Si je vous vends le livre 8 € je fais un bénéfice de de 3 € par livre…et c’est là où ce n’est tenable que si vous êtes nombreux à l’acheter. Ce risque financier, je ne peux le prendre que si…  j’ai un revenu tiré de la rédaction de mes articles ! Oh le joli tour de piste que nous venons de faire !!!

LA SUITE À LIRE PROCHAINEMENT…

 

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